LE MONDE AU XIII ÈME SIÈCLE

Pour comprendre cette histoire, il faut la resituer dans ce monde du 13ème siècle. Ce n'est pas le monde "moyenâgeux" de nos livres d'école. Les gens de ce temps voyageaient beaucoup et loin. 

LE "CATHARISME"

Pendant la durée de sa vie terrestre, considérée comme une épreuve, l'Homme doit s'efforcer, par une conduite appropriée, de rompre avec la matière, le monde physique et les besoins grossiers. Pour les bons hommes et bonnes femmes, tout cela représente le Mal auquel est opposé le Bien, c'est-à-dire l'âme purifiée, ignorant les désirs du corps. Ceux qui parviennent à purifier leur âme se reposent à jamais dans le Bien après la mort. Les autres doivent se réincarner indéfiniment. Pour eux, la mort n'était pas redoutée car elle pouvait signifier la délivrance. Le nom de « cathares » a été donné par les adversaires de ce mouvement et il faut noter qu'il est tout simplement absent des archives de l'Inquisition languedocienne où il n'est mentionné par aucun inquisiteur, accusé ou témoin de la persécution. En outre, c'est tardivement qu'il a été adopté par les historiens.
Eux se nommaient entre eux Bonnes Femmes et Bons Hommes, Bons Chrétiens, Amis de Dieu.
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ET SES CROYANTS

Les bons hommes ou bonnes femmes, appelés parfaits ("hereticus perfectus") par l’Église catholique, sont ceux qui ont reçu le consolament, l’unique sacrement cathare, tenant lieu de baptême, d’ordination et d’extrême onction. Ce sacrement les engage à respecter une règle de vie proche de celle des moines, où les relations sexuelles et la consommation de viande sont prohibées. En revanche, les simples croyants ne sont soumis qu’à quelques rites comme celui de l’adoration des parfaits. Ils demandent à recevoir le consolament à la fin de leur vie.
Sur le modèle des églises chrétiennes primitives les cathares se sont dotés d’une hiérarchie comprenant des évêques, des diacres et de simples bonshommes ou bonnesfemmes dont la mission est de prêcher et d’administrer le consolament. Les parfaits vivent de leur propre travail et d’aumônes. Leur vie exemplaire qui contraste avec le relâchement d’une partie du clergé catholique les rend très populaires. Ils sont particulièrement bien accueillis dans l’aristocratie locale.
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LES ÉTATS LATINS

Les États « latins » (ou « francs ») d’Orient sont les fiefs que plusieurs chefs croisés se découpèrent au Levant. Conformément à la terminologie du temps, un État « latin » ou « franc » est un État gouverné par des seigneurs catholiques d'occident (qu'ils aient été initialement Croisés ou pas, et quelle que soit leur origine : française, anglaise, allemande, italienne, catalane), par opposition aux États « grecs » gouvernés par des seigneurs orthodoxes (pouvant être aussi bien byzantins que bulgares, serbes, valaques ou autres). Comme l'affirme Benjamin Kedar, les États latins d'Orient forment « la première possession outre-mer des Européens, lesquels ne s'étaient jusque-là étendus que sur le continent » .
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AVANT LA CROISADE

Toulouse, plus grande et plus belle que Paris, grâce au commerce avec la Méditerranée. Les communes y sont, avec leur bourgeoisie, devenues de véritables république autonomes. 
Les artisans, nombreux, s'y distinguent . Quant aux paysans, ayant, dès le XIIème siècle, rachetés, provoque un grand essor de l'agriculture. Toulouse, Narbonne, Montpellier, Béziers sont des villes universitaires où l'on enseigne la médecine, la philosophie, les mathématiques. Les Juifs, nombreux, n'y sont pas persécutés; ils accédent aux fonctions les plus hautes , des maîtres arabes enseignent les mathématiques et l'astronomie. Par dessus tout, la qualité de la littérature poêtique fait la gloire des troubadours.La langue d'oc est la langue littéraire par excellence et la poésie d'oc la première d'Europe. Se développe alors là une civilisation originale qui aurait pu donner des fruits aussi éclatants que ceux fournis, plus tard, par les villes italiennes de la Renaissance.
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LES SEIGNEURS OCCITANS

L'histoire occitane est jalonnée de révoltes et de rébellions contre les pouvoirs dominants; Les seigneurs d'alors sont tous apparentés entre eux mais aussi avec les principales familles régnantes d'alors.Dans un contexte de prospérité et d'importance tout autant politique que culturelle, trois pouvoirs , parmi les plus puissants de leur époque peuvent prétendre unifier ce territoire. les comtes de Poitiers ont autorité sur la « Grande Aquitaine » (des Pyrénées à la Loire et jusqu'au Massif Central),les comtes de Barcelone avec leur comté, le royaume d'Aragon et le comté de Provence, la Maison de Saint-Gilles contrôle le comté de Toulouse (de Marmande à Avignon) et le marquisat de Provence.
Ces trois maisons rivales sont capables de « rassembler les terres où, maintenant, une ethnie consciente de son identité écrit sa langue toute neuve. »
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ET LEURS FIEFS

Certains étaient des châteaux, d'autres des villes entières, d'autres encore de simples "castrum" (villages fortifiés). Les uns sont gouvernés par des consuls, d'autres comptent près de 50 coseigneurs, d'autres un seul seigneur . Tous seront attaqués, beaucoup détruits,les uns après les autres. Des bûchers y brûleront les bonnes femmes et bonshommes ...Profitons pour rappeler que le terme de parfait n'est que la traduction d' "héréticus perfectus" soit hérétique accompli et que les châteaux dits "cathares" sont, pour l'immense majorité d'entre eux, le fait des hommes du Nord.
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L'EGLISE DE ROME

L'histoire de la papauté est inséparable de l'évolution doctrinale de la christologie et de la baisse de puissance des empereurs romains d'Orient. Le pape cherche à affermir son pouvoir spirituel et temporel et à passer du statut de simple évêque de Rome à celui de souverain. Pendant le Moyen Âge, le pape dut affirmer son pouvoir face à l'empereur et à la croissance des royautés. L'autre problématique concerne la définition de la souveraineté du pontife : doit-elle se limiter aux affaires spirituelles (nomination des évêques et des abbés, définition du dogme) ou bien doit-elle déborder sur la sphère temporelle ? Ce que firent les papes qui ne purent éviter l'affrontement avec les souverains qui règnent alors en Occident.
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FACE AUX HÉRÉSIES

Le mot hérésie provient du grec αἵρεσις / haíresis : choix, préférence pour une idée ou pensée. 
Les dogmes ne revêtent pas la même importance dans toutes les religions, ce qui explique différentes attitudes par rapport à ce qui est qualifié d'hérésie.
"On est toujours l'hérétique de quelqu'un" Michel Serres. j'ajouterais, n'oublions pas que "Le catholicisme est une secte qui a réussi"et que l'histoire est écrite par les vainqueurs.
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LES TROUBADOURS

Les troubadours apparaissent à partir du XIe siècle dans les cours des comtes de Barcelone (à partir de Raimond-Bérenger III) et des ducs d'Aquitaine (à partir de Guillaume IX le Troubadour) où se pratique la langue occitane, et se diffusent sur tout le territoire de leurs possessions, qu'on appellerait aujourd'hui l'Occitanie.
Leurs poésies se diffusent dans tout le royaume de France, ainsi que dans le royaume d'Angleterre à la cour d'Aliénor d'Aquitaine, au Portugal, en Hongrie et beaucoup plus tardivement, jusqu'en Transcaucasie avec Sayat-Nova.
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LES CROISADES

Le terme « croisade » est rare et n'apparaît pas avant le milieu du XIIIe siècle en latin médiéval et seulement vers 1850 dans le monde arabe. Les textes médiévaux parlent le plus souvent de « voyage à Jérusalem » (iter hierosolymitanum) pour désigner les croisades, ou encore de peregrinatio, « pèlerinage »
Le terme de croisade n'apparaît que tardivement en français : le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) fait remonter l'expression « soi cruisier » (se croiser) à la Vie de St Thomas le martyr de Guernes de Pont-Sainte-Maxence datée de 1174
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DROIT FÉODAL, ROYAL OU RELIGIEUX

La Croisade fut l'occasion d'une révolution, qui pour être discrète, n'en sera pas moins importante.
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LA FRANCE SOUS PHILIPPE-AUGUSTE

A partir de 1180, Philippe Auguste succède à son père Louis VII : il n'a que 15 ans et est encerclé de principautés théoriquement vassales mais en réalité indépendantes et arrogantes vis à vis du pouvoir royal.
Henri II, son "rival vassal" possédait la Normandie, l'Anjou, le Maine, tout le territoire marqué en jaune sur la carte ci-contre.
L'héritage du roi de France, en vert sur la carte, est donc plus que limité et très fragile : contrairement à son père Louis VII, il va se consacrer en priorité à affirmer son pouvoir en agrandissant son royaume.
Malgré les appels réitérés de la papauté, Philippe se garde d'intervenir personnellement dans la croisade dans laquelle Innocent III voudrait l'entrainer; face au pape, il rappelle avec constance ses droits de suzerain sur le Midi.
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LES BARONS DU NORD

Suite au meurtre de Pierre de Castelnau, Innocent III décide d'organiser une expédition contre les terres du comte de Toulouse et du Vicomte Trencavel.Il accorde aux combattants les mêmes indulgences et faveurs qu'à ceux qui combattaient en Terre sainte. Bien que très différente dans l'esprit des précédentes croisades, cette expédition prend le nom de « croisade contre les albigeois ».Eudes III, duc de Bourgogne, annonce son engagement, suivi d'Hervé IV de Donzy, comte de Nevers, et de Gaucher III de Châtillon, comte de Saint-Pol. De nombreux barons de moindre importance se rallient également à la nouvelle croisade. Comme le comte de Nevers refuse de voir son rival de Bourgogne diriger la croisade, le pape désigne le légat Arnaud Amaury comme chef de la croisade.
Une armée dirigée par le comte Guy II d'Auvergne est également levée pour aller extirper l'hérésie en Quercy et en Agenais.
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LES FAYDITS

Appelés "faydits" ou "faidits", ces chevaliers et seigneurs languedociens furent dépossédés de leurs terres lors de la croisade des Albigeois (XIIIe), du fait de la résistance qu'ils menèrent contre l'occupation de l'Occitanie par les croisés venus du nord.Qu'ils fussent eux-même croyants, qu'ils soient convaincus d'en protéger sur leurs terre ou simplement opposés à l'ingérence des seigneurs français, la sanction était la même, condamnés et punis de faidiment. Leurs terres étaient alors confisquées par les croisés et leur vie menacée.De nombreux faydits prirent le maquis et luttèrent contre l'occupation de l'Occitanie par les croisés français, souvent jusqu'à la mort. Certains se réfugièrent à la cour du roi d'Aragon, enfin d'autres cherchèrent le pardon l'Église pour recouvrer leurs terres et leurs droits, souvent en promettant de combattre leurs anciens amis hérétiques ou encore en allant combattre en Terre sainte.
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LE MONDE MUSULMAN

L’Âge d’or de l'Islam, commencé au VIIème siècle se termine au milieu du XIIIème siècle. Durant cette période, les artistes, ingénieurs, érudits, poètes, philosophes, géographes et commerçants du monde islamique ont fortement contribué à l'agriculture, aux arts, à l'économie, à l'industrie, au droit, à la littérature, à la navigation, à la philosophie, aux sciences, à la sociologie et aux technologies. La civilisation islamique, qui s'appropria d'abord l'héritage des mondes méditerranéen, iranien et indien antiques, développa en l'espace de quelques décennies à partir de 850 une culture originale, unifiée par la langue arabe, le commerce et la religion. Présente sur trois continents, elle s'épanouit sur un espace extrêmement vaste et joua ainsi un rôle crucial dans le maintien et la diffusion de la numération de position, des connaissances géographiques et astronomiques, et enfin des œuvres philosophiques de l'Antiquité.
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ET SES SAVANTS OUBLIÉS ?

L’Âge d’or de l'Islam, commencé au VIIème siècle se termine au milieu du XIIIème siècle. Durant cette période, les artistes, ingénieurs, érudits, poètes, philosophes, géographes et commerçants du monde islamique ont fortement contribué à l'agriculture, aux arts, à l'économie, à l'industrie, au droit, à la littérature, à la navigation, à la philosophie, aux sciences, à la sociologie et aux technologies. La civilisation islamique, qui s'appropria d'abord l'héritage des mondes méditerranéen, iranien et indien antiques, développa en l'espace de quelques décennies à partir de 850 une culture originale, unifiée par la langue arabe, le commerce et la religion. Présente sur trois continents, elle s'épanouit sur un espace extrêmement vaste et joua ainsi un rôle crucial dans le maintien et la diffusion de la numération de position, des connaissances géographiques et astronomiques, et enfin des œuvres philosophiques de l'Antiquité.
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LA SECTE DES ASSASSINS

Existe-t-il un lien étymologique entre les termes « haschisch » et « assassin » ? Sur ce sujet, les avis divergent. Dans le Trésor de la langue française informatisé, on peut lire la thèse qui a largement prévalu en Occident depuis les croisades jusqu'à nos jours : le terme assassin provient de l'italien assassino, assessino, lui-même emprunté à l'arabe hashishiyyin, nom donné aux ismaëliens de Syrie par leurs ennemis
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LES JUIFS EN TERRE D'OC

Le Judaïsme, la plus ancienne des trois religions du Livre ! A Constantinople comme en Languedoc, nous croiserons des membres du peuple juif.
Des marchands, des médecins, des traducteurs...
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CHANSON DE LA CROISADE ET AUTRES RÉCITS

La Chanson de la croisade albigeoise est un poème manuscrit écrit en langue d'oc entre 1208 et 1219 par deux auteurs différents. La "Canso" raconte les événements survenus alors dans le Languedoc .
Guillaume de Tudèle, clerc,  est l'auteur des premiers 2 772 vers (130 lais).  sa relation est plutôt favorable aux croisés. Il condamne cependant les massacres accomplis par ceux-ci comme le massacre de Béziers. Son récit s'arrête brutalement en juillet 1213. L'Anonyme est l'auteur de la seconde partie de la Chanson, c’est-à-dire à peu près 6 800 vers. Il a fait une œuvre d'une qualité poétique certaine et toujours d'une grande pureté de langue. Bien que catholique, il se montre de temps en temps très anticlérical. Il est engagé contre la croisade et défend constamment les idées de valeur et d’honneur (paratge).
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L'ORDRE DU TEMPLE

L’ordre du Temple fut créé à l'occasion du concile de Troyes, ouvert le 13 janvier 1129, à partir d'une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, du nom du temple de Salomon que les croisés avaient assimilé à la mosquée al-Aqsa (bâtie, selon la tradition juive, sur les restes de ce temple). Il œuvra pendant les XIIème et XIIIème siècles à l'accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la Reconquête ibérique.
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LES NORMANDS

Avec Roger II, les États normands d'Italie du Sud et de Sicile s'imposent au monde, tant en Occident qu'en Orient. Leur organisation est un modèle du genre. Justice, finances, administration et commerce sont l'objet de règlements drastiques. Redevances, tribus, droits de mutation, perceptions sur les récoltes, les pêcheries, l'élevage, la transhumance, les ateliers royaux : tout est soumis aux exigences du fisc. L'Église doit compter avec ce voisin trop puissant et redoute une entente des Normands avec le Saint Empire qui mettrait les États pontificaux sous tutelle. Byzance tremble. Les successeurs de Roger, mort en 1154, continuent cette politique volontariste, surtout son fils Guillaume II, d'une grande subtilité, qu'on verra sous les murs de Thessalonique.
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LE ROYAUME D'ARAGON

l'Aragon d'alors comprend aussi la Catalogne et plusieurs territoires du midi de la France. En 1204, quand commence "Les Bonshommes", Pierre II, son roi, épouse la comtesse Marie de Montpellier.
Il est couronné roi par Innocent III (1204). Les questions religieuses s'aggravant dans le comté de Toulouse, en 1209, le même pape prêche la croisade contre les Albigeois et, leurs protecteurs supposés, le comte de Toulouse, Raimond VI, son beau-frère et son neveu Raimond Roger Trencavel, vicomte de Béziers et de Carcassonne, son vassal.Pierre II intervint en faveur de Raimond et put sauver pour un moment le comté de Foix. Il est à la bataille de Las Navas de Tolosa (1212) contre les musulmans d'Al-Andalus...
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VENISE

L'essor de Venise s'appuya d'abord sur ses relations commerciales avec Constantinople. En 1082, encore nominalement intégrés dans l'Empire byzantin, les Vénitiens reçurent d'importants privilèges commerciaux, en récompense de l'aide navale qu'ils apportèrent au basileus Alexis Comnène contre les Normands, qui assiégeaient Durazzo. L'expansion prit d'abord pour cadre la mer Adriatique. Au xe siècle, les Vénitiens s'assurèrent le contrôle de la côte dalmate. Ils éliminèrent notamment les pirates dalmates qui nuisaient à leur commerce.
Comme les trois autres grands ports d'Italie, Gênes, Pise et Amalfi, Venise était une ville-État qui établit son pouvoir par la proximité maritime, en italien Repubblica Marinara.
Venise distança ses concurrentes en plusieurs étapes, la première étant la quatrième croisade. En 1202-1204, elle participa à la quatrième croisade et reçut ainsi plusieurs territoires lors du dépeçage de l'Empire byzantin, notamment plusieurs îles grecques et une partie de la ville de Constantinople. Ces positions lui assuraient le contrôle commercial de toute la Méditerranée orientale.
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Dans le monde il y a deux Églises :

l’une fuit et pardonne, l’autre possède et écorche. (Pèire Autié)

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